• De l'Abbé Perritaz

    Il nous a quittés le 31 mars 2020.

    "Le calendrier va très vite. Mais nous allons encore plus vite que lui. On prépare ses vacances 2 ans à l'avance, on calcule ce qu'on gagnera dans 5 ans, on s'inquiète des maladies qu'on pourrait avoir dans 10 ans, qui renflouera l'AVS (retraite) dans 20 ans, comment les choses iront-elles en 2050. L'Europe aujourd'hui a peur, peur de ces colonnes de réfugiés qui frappent à sa porte.

    Tout cela augmente nos soucis, mine nos énergies. À quoi bon disposer d'un aujourd'hui s'il ne sert qu'à trouver le temps long jusqu'à demain et trembler pour l'après demain ?

    Et pourtant, on trouve 9 fois le mot heureux dans l'Évangile d'aujourd'hui (Béatitudes). Ça demande explication.

    Jésus a devant lui ces foules de Palestine qui tirent péniblement de la terre leur minimum vital, écrasés par les impôts de l'occupant romain, tous ces petits que la Vierge Marie exalte dans son Magnificat.

    L'argent ne fait pas le bonheur, mais c'est une bonne jument pour lui courir après, que dit le proverbe. En disant heureux les pauvres, Jésus ne dit pas heureux les misérables, mais heureux ceux qui, ayant quelques sous, savent aider plus pauvres qu'eux, sans mépris, qui ont le cœur sensible, aux détiens de l'humanité.

    Heureux les doux, c'est-à-dire être patient, savoir encaisser les échecs, avoir du caractère pour supporter les injures.

    Heureux ceux qui se passionnent pour la justice, c'est-à-dire ceux qui luttent contre le racisme, qui sont fidèles à leur amour, qui n'ont jamais fait pleurer personne, qui ne montent pas sur les épaules des autres pour en faire des marche-pieds, pour devenir une idole de l'opinion.

    Nous, les terriens, nous savons que toute vie comprend son lot d'épreuves, de deuils, d'accidents. De même que pour goûter toutes les saveurs d'une vie, il faut la humer et la déguster, savourons les bonnes heures de la vie entre grands et petits malheurs. Sachons surtout pardonner. Pardonner ça ne veut pas dire oublier, mais la rancune est toujours du côté de la mort, le pardon du côté de la vie. Nous avons la chance d'avoir un pape assez extraordinaire qui, en 2 ans, est devenu l'un des hommes les plus influents de la planète. Il a fait en sorte que dorénavant l'église ne jugera ni ne condamnera les divorcés remariés et les homosexuels.

    Le Président Obama nous dit : "J'adore le pape François, c'est un homme qui est bon. Fidel Castro l'admire. Madonna, 3 fois divorcée voudrait lui dédicacer sa chanson "La vie en rose". Il n'y a pas beaucoup de différence entre le pape et moi, qu'elle dit. Ce pape parle comme un curé de campagne. Les époux, dit-il, peuvent se jeter les assiettes à la figure, c'est la vie. L'important, c'est qu'ils ne finissent pas la journée sans se faire un bisou.

    Enfin, le 1er novembre, c'est le rappel de la communion des saints, c'est-à-dire que par l'Église, je suis uni à tous les hommes et femmes du passé, du présent et de l'avenir. Je ne suis pas seulement relié aux vivants de mon époque, je suis aussi soudé aux hommes de tous les temps qui m'ont précédé. C'est ça qui est magnifique pour un chrétien. Je sais que mes morts ne me quittent pas, c'est moi qui les quitte en les oubliant. Eux sont toujours là à me regarder, à me connaître. Mon grand-père, ma grand-mère que je n'ai connue que dans les 1ères années de ma vie, sont toujours là à me regarder et par l'Église je suis rattaché à eux, aïeul dont je porte quelques gouttes de sang dans les veines, comme mes ancêtres.

    Mais je ne me trouve pas simplement en amitié avec les hommes dont je porte le nom, mais j'ai une amitié spirituelle avec tous ces saints inconnus que nous fêtons aujourd'hui, aussi bien avec la petite Thérèse de l'Enfant Jésus qui m'a révélé l'amour de Dieu ou Saint Augustin, ce grand saint qui m'a appris que dans le péché abondait la miséricorde. Nous ne faisons qu'un arbre immense avec tous ceux du passé.

    Et je suis aussi relié avec tous ceux qui viendront après moi, vos enfants, vos petits-enfants, vos arrière-petits-enfants que vous laisserez sur cette terre. Vous êtes déjà à eux, reliés par l'Église. Voilà la lettre de noblesse du chrétien. Moi, baptisé, j'aime l'Église malgré son arrogance parfois, ses tares, ses défaits, cette Église qui est malmenée dans la croix du calvaire et la résurrection du matin de Pâques. La Toussaint, fête du souvenir, mais surtout fête de notre avenir.

    Abbé Gilbert Perritaz, sermon de la Toussaint

    Humilimont, dimanche 1er novembre 2015"

     

     


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