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Par ChristianeKolly le 9 Octobre 2015 à 14:07
Sois bénie femme ô femme
femme transfigurée
corps absolu
chair votiveQue soit bénie ta fièvre et béni le silence
où ton geste pieux
sème sur notre couche
des gerbes de clartés . .Ton nom soit béni femme béni ce flanc
plus peuplé que l'enfer et le ciel accordés
car il est un autel
il est temple d'hier et temple de demain
et je vois tous les temps s'y perdre d'allégresse
quand j'aime et que tes flancs
ruissellent de bonheurSois bénie femme ô femme
femme transfigurée
corps absolu
chair votiveEt l'antre soit béni où ma lèvre gourmande
fait monter de ta vie la houle des eaux lourdes
l'âcreté capiteuse d'étranges parfums
et ce long cri de bête
et ce râle éblouiSois bénie femme ô femme
femme transfigurée
corps absolu
chair votiveEt l'antre soit béni où mon corps ébranlé
s'entête de plaisir au faîte de l'extase
que l'antre soit béni où nos chairs confondues
conspirent ce vertige nôtre
zébré de spasmes fous complotant la brimbale qui
nous brisera femme ô femme transfiguréeQuand je devrai
au port d'un vieil âge éreinté
larguer les voiles pour ailleurs
femmes la couche humide où nous nous accueillîmes
encor tout imprégnée du parfum de vos nuits
qu'elle soit mon linceul
comme elle fut berceau de mes heures joyeusesSois bénie femme ô femme
femme transfigurée
corps absolu
chair votiveAlix RENAUD - Octobre 1978 - Québec français
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Par ChristianeKolly le 5 Décembre 2014 à 08:43
Je la pris près de la rivière
Car je la croyais sans mari
Tandis qu'elle était adultère
Ce fut la Saint-Jacques la nuit
Par rendez-vous et compromis
Quand s'éteignirent les lumières
Et s'allumèrent les cri-cri
Au coin des dernières enceintes
Je touchai ses seins endormis
Sa poitrine pour moi s'ouvrit
Comme des branches de jacinthes
Et dans mes oreilles l'empois
De ses jupes amidonnées
Crissait comme soie arrachée
Par douze couteaux à la fois
Les cimes d'arbres sans lumière
Grandissaient au bord du chemin
Et tout un horizon de chiens
Aboyait loin de la rivièreQuand nous avons franchi les ronces
Les épines et les ajoncs
Sous elle son chignon s'enfonce
Et fait un trou dans le limon
Quand ma cravate fût ôtée
Elle retira son jupon
Puis quand j'ôtai mon ceinturon
Quatre corsages d'affilée
Ni le nard ni les escargots
N'eurent jamais la peau si fine
Ni sous la lune les cristaux
N'ont de lueur plus cristalline
Ses cuisses s'enfuyaient sous moi
Comme des truites effrayées
L'une moitié toute embrasée
L'autre moitié pleine de froid
Cette nuit me vit galoper
De ma plus belle chevauchée
Sur une pouliche nacrée
Sans bride et sans étriersJe suis homme et ne peux redire
Les choses qu'elle me disait
Le clair entendement m'inspire
De me montrer fort circonspect
Sale de baisers et de sable
Du bord de l'eau je la sortis
Les iris balançaient leur sabre
Contre les brises de la nuit
Pour agir en pleine droiture
Comme fait un loyal gitan
Je lui fis don en la quittant
D'un beau grand panier à couture
Mais sans vouloir en être épris
Parce qu'elle était adultère
Et se prétendait sans mari
Quand nous allions vers la rivièreTraduction Jean Prévost Extrait de "El Romancero Gitano"
La casada infiel
Y yo que me la lleve al río
creyendo que era mozuela,
pero tenía marido.
Fue la noche de Santiago
y casi por compromiso.
Se apagaron los faroles
y se encendieron los grillos.
En las últimas esquinas
toque sus pechos dormidos,
y se me abrieron de pronto
como ramos de jacintos.
El almidón de su enagua
me sonaba en el oído
como una pieza de seda
rasgada por diez cuchillos.
Sin luz de plata en sus copas
los árboles han crecido
y un horizonte de perros
ladra muy lejos del río.Pasadas las zarzamoras,
los juncos y los espinos,
bajo su mata de pelo
hice un hoyo sobre el limo.
Yo me quité la corbata.
Ella se quito el vestido.
Yo, el cinturón con revólver.
Ella, sus cuatro corpiños.
Ni nardos ni caracolas
tienen el cutis tan fino,
ni los cristales con luna
relumbran con ese brillo.
Sus muslos se me escapaban
como peces sorprendidos,
la mitad llenos de lumbre,
la mitad llenos de frío.
Aquella noche corrí
el mejor de los caminos,
montado en potra de nácar
sin bridas y sin estribos.No quiero decir, por hombre,
las cosas que ella me dijo.
La luz del entendimiento
me hace ser muy comedido.
Sucia de besos y arena,
yo me la llevé del río.
Con el aire se batían
las espadas de los lirios.
Me porté como quien soy.
Como un gitano legítimo.
Le regalé un costurero
grande, de raso pajizo,
y no quise enamorarme
porque teniendo marido
me dijo que era mozuela
cuando la llevaba al río.The Faithless Wife
So I took her to the river
believing she was a maiden,
but she already had a husband.
It was on St. James night
and almost as if I was obliged to.
The lanterns went out
and the crickets lighted up.
In the farthest street corners
I touched her sleeping breasts
and they opened to me suddenly
like spikes of hyacinth.
The starch of her petticoat
sounded in my ears
like a piece of silk
rent by ten knives.
Without silver light on their foliage
the trees had grown larger
and a horizon of dogs
barked very far from the river.Past the blackberries,
the reeds and the hawthorne
underneath her cluster of hair
I made a hollow in the earth
I took off my tie,
she too off her dress.
I, my belt with the revolver,
She, her four bodices.
Nor nard nor mother-o'-pearl
have skin so fine,
nor does glass with silver
shine with such brilliance.
Her thighs slipped away from me
like startled fish,
half full of fire,
half full of cold.
That night I ran
on the best of roads
mounted on a nacre mare
without bridle stirrups.As a man, I won't repeat
the things she said to me.
The light of understanding
has made me more discreet.
Smeared with sand and kisses
I took her away from the river.
The swords of the lilies
battled with the air.
I behaved like what I am,
like a proper gypsy.
I gave her a large sewing basket,
of straw-colored satin,
but I did not fall in love
for although she had a husband
she told me she was a maiden
when I took her to the river.
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Par ChristianeKolly le 7 Décembre 2014 à 04:47
Je suis très émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde comme la plus étroite
en amitié, en un mot la meilleure preuve
dont vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude où j'ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j'ai l'âme
grosse. Accourrez donc vite et venez me la
faire oublier par l'amour où je veux me
mettre.La réponse de de Musset
Quand je mets à vos pieds un éternel hommage
Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d'un cœur
Que pour vous adorer forma le Créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
Avec soin, de mes vers lisez les premiers mots
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.La réponse de Sand
Cette insigne faveur que votre cour réclameNuit à ma renommée et répugne mon âme.pst : la lettre de George se lit une phrase sur deuxppsstt : pour les réponses, seulement le premier mot
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Par ChristianeKolly le 5 Décembre 2014 à 09:03
Aimons, foutons, ce sont plaisirs
Qu’il ne faut pas que l’on sépare;
La jouissance et les désirs
Sont ce que l’âme a de plus rare.
D’un vit, d’un con et de deux cœurs,
Naît un accord plein de douceurs,
Que les dévots blâment sans cause.
Amarillis, pensez-y bien :
Aimer sans foutre est peu de chose
Foutre sans aimer ce n’est rien.
Jean de la La Fontaine
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Par ChristianeKolly le 5 Décembre 2014 à 09:09
Je ne revois plus le visage ni le corps de celle que je tenais contre moi, dans le Nord-Sud, vers St Lazare. Je sais seulement que dans cette foule compacte où les balancements du train penchaient d'un coup toute la masse oscillante des voyageurs elle se laissait faire comme privée de raisons et de sentiments.
Comme si nous avions été dans un désert véritable, où même la présence d'un homme eut été pour elle si surprenante et si terrifiante que l'idée ne lui serait pas venue de bouger ou de résister un instant. J'étais donc contre elle, par-derrière collé, et mon haleine faisait remuer légèrement les cheveux de sa nuque.
Mes jambes épousaient la courbe des siennes, mes mains avaient longuement caressé ses cuisses, elle n'avait pas retiré sa main gauche quand je l'avais un instant furtivement serrée. Je sentais contre moi la douce pression de ses fesses à travers une étoffe très mince et glissante, dont les plis occasionnels même m'intéressaient. Je maintenais avec mes genoux
un contact étroit. Je les fléchissait un peu, afin que ma queue bridée par le pantalon trouvât, pendant qu'elle grandissait encore, un lit entre ses fesses que la peur contractait, un lit vertical où les secousses du train suffisaient à me branler. Je voyais mal le visage de cette femme, par côté.
Je n'y lisais que la peur. Mais quelle peur? Du scandale, ou de ce qui allait arriver? Elle mordait sa lèvre inférieure. Soudain, j'eus un désir irrépressible de contrôle. Je voulus connaître la pensée de cette femme, je glissais ma main droite entre ses cuisses. Merveille du poil deviné sous l'étoffe, étonnement du cul pressé. Cette femme était donc en pierre? Je ne connais rien d'aussi beau, rien qui me donne le sentiment à un pareil point, que la vulve quand on l'atteint par derrière. Mes doigts ne pouvaient s'y méprendre. Je sentais les lèvres gonflées, et soudain la femme comme pour se raffermir sur ses pieds écarta les cuisses. Je sentis les lèvres céder, s'ouvrir. Elle mouillait tant que cela traversait la robe.
Les fesses trois ou quatre fois montèrent et descendirent le long de ma pine. Je pensais tout à coup au gens alentour. Personne, non personne dans cette presse ne prêtait attention à nous. Visage gris et ennuyés. Posture d'attente. Mes yeux tombèrent dans des yeux qui regardaient, qui nous regardaient. Ils allaient d'elle à moi, ces yeux battus par la vie, ces yeux soulignés plus encore par la fatigue des longs jours que par le fard, ces yeux pleins d'histoires inconnues, ces yeux qui aimaient encore pour un peu de temps l'amour. C'étaient les yeux d'une femme assise assez loin, et séparée de nous par un peuple aveugle, d'une femme qui de si bas ne pouvait deviner le manège, ne pouvait que voir nos têtes ballottées par
la marche du train et l'incontrôlable du plaisir prochain.
Ils ne nous lâchaient pas, ces yeux, et j'éprouvais soudain une sorte de nécessité de leur répondre.
C'étaient des yeux immenses, tristes, et comme sans repos. Savent-ils? Ils battaient un peu pour me répondre. Ils se tournaient vers ma voisine que je sentais profondément frémir. Ils n'interrogeaient pas. Ils savaient sans doute. Les mouvements de la femme devinrent plus rapides, avec ce caractère étrangement limité que donne la crainte de se trahir. Je vis brusquement se dilater les prunelles qui me fixaient, comme si un gouffre s'était ouvert sous la banquette. Les yeux venaient de saisir sur la face de la femme que je serrais le premier spasme de la jouissance.
Je ne sus qu'après eux ce qui venait de se produire, et c'est en même temps que la femme assise que je partis, et je me demande quel air dut être le mien alors, quand celle-ci cacha brusquement dans ses mains ses yeux déchirés de jouir. Un temps infini s'écoula jusqu'à la station suivante comme un grand silence immobile et je ne pensais plus à rien. Entrée en gare, les lumières extérieures, la courbe du quai, les reflets sur les briques blanches, un remous violent à l'ouverture des portes jeta dehors la femme dont je n'avais pas vu les yeux; tandis que l'assaut des nouveaux voyageurs étendait un voile entre moi et les yeux que je ne voyais plus. Je restais seul, sans connaître le vrai de cette histoire sans intrigue, où tout est pour moi dramatique comme la fuite inquiétante de l'été.
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