• Victor Hugo - L'ogre

    ogre

    Un brave ogre des bois, natif de Moscovie,
    Etait fort amoureux d'une fée, et l'envie
    Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut
    Au point de rendre fou ce pauvre coeur tout brut ;  

    L'ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue,
    Se présente au palais de la fée, et salue,
    Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrousky.
    La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.  

    Elle était, ce jour-là, sortie, et quant au mioche,
    Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,
    Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,
    Il était sous la porte et jouait au cerceau.  

    On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre.
    Comment passer le temps quand il neige, en décembre
    Et quand on n'a personne avec qui dire un mot ?
    L'ogre se mit alors à croquer le marmot.  

    C'est très simple. Pourtant c'est aller un peu vite,
    Même lorsqu'on est ogre et qu'on est moscovite,
    Que de gober ainsi les mioches du prochain.
    Le bâillement d'un ogre est frère de la faim.  

    Quand la dame rentra, plus d'enfant ; on s'informe.
    La fée avise l'ogre avec sa bouche énorme :
    As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j'ai ?
    Le bon ogre naïf lui dit : Je l'ai mangé.  

    Victor Hugo


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